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Méthode Madeleine Lanthier s'entretient avec Bruno Deshaies
Madeleine Lanthier s'entretient avec Bruno Deshaies
La recherche est au coeur même de l'évolution de nos sociétés contemporaines. Elle préside à des changements profonds tant au plan des mentalités qu'à celui des équilibres constamment mouvants entre l'homme, la nature et la société. Par ailleurs, l'évolution globale des sociétés contemporaines, à l'ère d'une planétisation des échanges de tout ordre, soulève des problèmes majeurs pour l'humanité.
Concernant la recherche, Madeleine Lanthier a tenu à s'entretenir avec Bruno Deshaies au sujet de la publication de son livre portant sur la Méthodologie de la recherche en sciences humaines (Montréal, Beauchemin, 1992, xx + 400 p.). Madeleine Lanthier, personnage fictif du livre et chercheuse en herbe, a voulu savoir comment un employé de l'État a-t-il pu s'intéresser à cette question-là.
Madeleine Lanthier. - Bonjour monsieur Deshaies! Vous êtes un professionnel au ministère de l'Éducation depuis de nombreuses années, pourriez-vous expliquer à nos lecteurs et lectrices comment l'idée vous est venue d'écrire un livre de méthodologie de la recherche?
B.D. - La réponse à cette question ne peut être ni simple ni facile à donner. En tout premier lieu, il faut une curiosité et un intérêt; en second lieu, il faut le désir et la volonté d'exprimer ce que l'on pense. En ce qui concerne cet ouvrage, il y a un souci de répondre à un besoin ressenti par la clientèle étudiante post-secondaire et, en particulier, pour celle des sciences humaines qu'elle soit des ordres d'enseignement collégial ou universitaire, mais aussi pour tout le personnel enseignant ou encore pour les gestionnaires de l'administration publique et le grand public intéressé par des questions méthodologiques et de processus de recherche.
Madeleine Lanthier. - Essentiellement, quelle contribution particulière votre livre offre-t-il aux lecteurs et aux lectrices?
B.D. - Il met en évidence le rôle primordial du sujet dans le processus de connaissance. Pour bien marquer ce fait, le livre est conçu autour d'un personnage fictif (Madeleine Lanthier) qui veut s'initier à la méthodologie des sciences humaines à travers sa propre expérience de recherche. La jeune chercheuse apprendra en cours de route que la recherche est fondamentalement un «acte complet de pensée» (selon l'expression de John Dewey).
Madeleine Lanthier. - Au plan méthodologique, qu'est-ce qui vous apparaît le plus important?
B.D. - La formulation adéquate du problème constitue le pivot central dans la recherche (ainsi que pour l'action).
Madeleine Lanthier. - Est-ce suffisant pour faire une bonne recherche?
B.D. - C'est un début très intéressant, mais la recherche doit être accompagnée d'une démarche rigoureuse. Celle-ci implique une pratique scientifique mettant en cause deux grandes orientations méthodologiques : soit celle de l'inférence ou celle de l'hypothèse. Après quoi vient le choix d'une ou de plusieurs méthodes. Les techniques d'observation, le traitement de l'information, le travail méthodique de vérification et surtout le fait de «penser en présence des faits» complètent le cycle de la recherche avant de passer à la composition du rapport de recherche. La synthèse en est le résultat final.
Madeleine Lanthier. - Auriez-vous un dernier mot à dire ?
B.D. - Je souhaiterais que les sciences humaines occupent dans notre monde une place aussi grande que celle des sciences. Albert Jacquard écrit dans la Préface de ce livre : «Ce qui a le plus d'importance dans l'univers qui m'entoure, ce sont les autres hommes. »
Québec, 20 avril 1997
Bruno Deshaies a été le directeur de la «division» de l'enseignement des sciences de l'homme à la Direction générale de l'enseignement élémentaire et secondaire (DGEES) du ministère de l'Éducation au cours des années 1969-1977. Il a été celui qui a rendu l'enseignement des sciences humaines obligatoire au primaire et l'enseignement de la géographique et de l'histoire du Canada obligatoire au secondaire ainsi que de l'obligation pour les élèves du secondaire de réussir l'examen d'histoire du Canada en vue de la certification des études au secondaire. Plus récemment, dans le domaine de l'évaluation en éducation, il a proposé des avenues nouvelles concernant des démarches d'évaluation en fonction de la qualité en éducation. On peut trouver sur le site sa communication à l'occasion du Colloque 1996 de l'AFIDES à Montréal: "Évaluation et action. Deux temps forts du processus de décision."
