Lionel Groulx - Critiques
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Lionel Groulx
Critiques
BOUCHARD, Gérard, « Ouvrir le cercle de la nation. Activer la cohésion sociale. Réflexions sur le Québec et la diversité. » Mars 1997, 23 p. Manuscrit qui m'a été transmis courtoisement par monsieur Bouchard. Voir la version officielle du texte dans L'Action nationale, 87 (avril 1997), 4 : 107-139. « On a peine à imaginer, écrit l'auteur, qu'une telle figure [celle de Lionel Groulx] puisse coiffer la réalité présente, servir de guide pour les décennies qui viennent, donner le goût de la nation aux jeunes Québécois et fournir des lumières, des clés pour mieux franchir les obstacles auxquels le Québec doit maintenant faire face. [...] Il n'en reste pas moins que plusieurs écrits de Groulx véhiculent aujourd'hui de très fâcheuses évocations. »
DELISLE, Esther, Le traître et le juif : Lionel Groulx, Le Devoir, et le délire du nationalisme d'extrême droite dans la province de Québec, 1929-1939, Outremont, L'Étincelle, 1992, 284 p. . [Une édition anglaise existe sous le titre : The Traitor and the Jews.] Un livre qui a suscité une polémique acerbe entre les détracteurs du chanoine Groulx et ses défenseurs ou, autrement dit, entre ceux qui se manifestent contre le nationalisme canadien-français ou québécois et ceux qui désirent l'autonomie ou la souveraineté du Québec.
Mise au point
GORDON, Ross, " The Historiographical Debate on the Charges of Anti-semitism made against Lionel Groulx ", mémoire de maîtrise (MA), University of Ottawa, 1999, 135 p. + 8 p. (de bibliographie). (La traduction des citations ci-dessous sont du Rond-point.)
Cette thèse porte sur les accusations d'antisémitisme adressées à l'endroit du chanoine Lionel Groulx. La mise au point de Gordon Ross mérite d'être signalée, car elle retrace le débat historiographique, entre 1944 et 1992. Pour l'essentiel, nous notons ce point de vue : " Le champ des débats par rapport à l'héritage de Groulx a été occupé en grande partie par d'autres personnes que des historiens. [...] La génération montante de spécialistes en sciences sociales qui ont pris une nouvelle place dans les institutions universitaires depuis la Révolution tranquille ont vu en Groulx une occasion pour se faire du capital personnel. Il pouvait être envisagé comme un point de mire en vue d'étudier les zones vulnérables de la société québécoise. Il pouvait révéler la face ethniciste ou raciste des politiques du mouvement nationaliste. Ou, d'un autre côté, il pouvait être utile en décrivant le processus victimaire du Québec, en démontrant comment la mémoire même des plus grands penseurs du Québec est ternie par leurs ennemis et prise comme cible par ceux qui voulaient attaquer le mouvement nationaliste. (p. 2-3) " (*)
Monsieur Ross Gordon explique son cheminement. Il nous écrit : " Essentiellement, j'ai revu toute la documentation disponible sur Groulx et les attaques d'antisémitisme à son endroit. J'ai relevé certaines choses étranges. Par exemple: les travaux les plus impitoyables contre Groulx ont été écrits non par des historiens mais par des politicologues réputés, des journalistes et même des anthropologues qui se sont appuyés sur les travaux antérieurs des historiens pour se bâtir une réputation avec leurs idées. La célèbre controverse autour de Le traître et le juif : Lionel Groulx, Le Devoir, et le délire du nationalisme d'extrême droite dans la province de Québec, 1929-1939 a été fabriquée de toute pièce. Esther Delisle n'a rien ajouté de nouveaux au travail excellent de David Rome dans Clouds in the Thirties [: On Anti-Semitism in Canada 1929-1939, sections 1-13, Montréal, National Archives Canadian Jewish Congress, 1977-1980]. Elle ne lui a accordé aucun crédit pour ses patientes recherches ; elle a même pu obtenir le grade de PhD simplement en le paraphrasant. Son livre contient des accusations contre monsieur Groulx n'existant pas dans sa thèse bien qu'elle admette qu'on ne peut pas les prouver. Il y a certainement un petit peu d'opportunisme dans un certain nombre de travaux contre Groulx parce que certaines personnes choisissent l'occasion de se créer un nom en s'attaquant au fondateur du nationalisme québécois. " (**) (27 septembre 1999)
(*) " The field of debate over Groulx's legacy has been for the most part filled by non-historians. [...] The rising tide of Social Scientists that have taken their places in academe since the coming of the Quiet Revolution have seen in Groulx an opportunity. He can be used as focal point for an examination of the dark underbelly of Quebec society. He can be revealed as the face of the racial policies of a nationalist movement. Or, on the other hand, he can be useful portraying Quebec's victim status, in demonstrating how even Quebec's greatest thinkers are tarnished by her enemies, made into targets for those who would attack the nationalist movement (p. 2-3) ".
(**) " Basically I reviewed all the literature available on M. Groulx and the charges of anti-Semitism. I found some interesting anomalies. For example: the most damning works were not written by Historians, but by Political Science majors, journalists and even anthropologists who took previous works by Historians and ran with them. The famous controversy around The Traitor and the Jews was contrived in the extreme. Esther Delisle added nothing new to the excellent work done by David Rome in Clouds in the Thirties. Yet she gave him no credit for his patient study and she received a PhD for simply " jazzing up " his findings. Her book contained accusations against M. Groulx that were not in her thesis, and that even she admitted were unprovable. There seems to be a bit of " opportunism " in some of the works that attacked him, people seeing a chance to make a name by going after the father of Quebec Nationalism. "
Bruno Deshaies
Québec, 4 octobre 1999