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Un État provincial en tutelle financière
Comme on vient le voir, les ressources financières de l'État du Québec ne sont pas seulement limitées, mais elles dépendent grandement des subventions fédérales. Pour les Pères de la Confédération canadienne, il était important de créer un gouvernement central fort. De ce fait, les pouvoirs provinciaux devaient être limités aux affaires locales des sociétés habitant les territoires des provinces. En conséquence, les pouvoirs provinciaux de taxation pouvaient être limités et même qu'il était admis que le pouvoir central devait subvenir directement au financement du fonctionnement et des besoins des États provinciaux (cf. note 12 ci-dessus).
Pour comprendre cette situation, il faut savoir que l'un des aspects majeurs du fonctionnement de la fédération canadienne ne réside pas dans le phénomène de la « centralisation » survenue depuis 1867, mais plutôt du régime in se, c'est-à-dire du partage fédéral de 1867. Conséquemment, il ne faudrait pas croire que ce régime politique ne contient aucuns inconvénients sérieux pour le peuple minoritaire canadien-français. « Il faut échapper à ce piège, écrit l'historien Maurice Séguin, et bien comprendre que la centralisation la plus désastreuse c'est celle-là même qui est contenue dans le régime d'union législative de 1841 ou dans le régime de l'union fédérale de 1867, deux régimes où le Canada-Français se voit refuser le self-goverment, c'est-à-dire la permission d'administrer lui-même, majoritairement, les grands pouvoirs de l'État complet : les relations politiques et économiques avec l'extérieur, la défense, l'emprise totale sur les impôts, etc. Certes, il y a eu centralisation au fédéral depuis 1867, mais là n'est pas l'essentiel. On pourrait faire remarquer égale-ment que les compétences des provinces se sont accrues depuis un siècle... Et on se retrouve toujours devant le même «partage fédéral» qui provincialise les Canadiens-Français14. »
14 Maurice Séguin, Histoire de deux nationalismes au Canada, p. 399.