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Qualité de la Fonction publique
Nous voilà parvenu au second problème important traité dans ce premier discours des finances de la province de Québec, c'est-à-dire celui qui concerne l'appareil administratif provincial. Pour que la province puisse s'assurer d'une bonne administration, il lui faut bâtir une bonne fonction publique avec un personnel capable de donner un rendement excellent. D'où les deux conditions primordiales pour assurer la bonne marche du fonctionnarisme : la quantité et la qualité des ressources humaines. Cette idée, Dunkin l'a bien faite sentir à l'Assemblée. « Si nous voulons, affirme-t-il, que notre ouvrage soit bien fait - et je pense que la Chambre croit avec moi que notre ouvrage doit être bien fait - nous devons le confier à un nombre suffisant d'hommes à la hauteur de la tâche ; et si nous voulons du travail fait par un nombre suffisant d'hommes qualifiés, il nous faut payer un prix convenable, car nous ne pouvons remplir cette condition qu'en y mettant un certain prix » (96). Et prêtant ses intentions à la l'Assemblée, il déclare : « Vous voulez avoir du travail bien fait [] vous devez obtenir les services de gens compétents » []. Et pour faire cela, je peux vous dire que [] vous devez payer un prix convenable sinon vous n'obtiendrez pas la bonne chose » (97). Cette idée lui apparaît comme une condition sine qua non pour permettre le bon fonctionnement d'un gouvernement sans toutefois tomber dans des dépenses extravagantes. En bref : ni parcimonie ni exagération. Ce qu'il désire, c'est « la plus grande économie compatible avec l'efficacité du service public » (98). Car si « nous voulons un bon gouvernement et de bonnes législations, alors il nous faudra payer le prix si nous voulons obtenir la bonne chose pour ce qu'elle coûte réellement » (98). S'appuyant sur ces principes, voici l'échelle de salaires qu'il propose pour les chefs de département.
Tableau 1 Rémunérations des membres et du personnel du gouvernement
Fonctions
Rémunérations
· Premier ministre et ministre de l'Éducation
· Les ministres
· Président du Conseil législatif
· Solliciteur général
· Président de l'Assemblée législative
· Hauts fonctionnaires des départements
4 750,00 $
3 750,00 $
3 200,00 $
2 800,00 $
2 400,00 $
1 800,00 $
N.B. Cette échelle de salaires est plus élevée que celle du gouvernement de la province d'Ontario. Cf. Bruno Deshaies, « Deux Législatures provinciales », 1961, p. 103 et 198.
Dans la ventilation du budget du Québec, on trouve au poste des salaires des chefs de département et autres fonctionnaires attachés au gouvernement civil un montant de 85 079,66 $ (cf. les Comptes publics pour l'année fiscale expirant le 30 juin 1868) ; pour le même poste budgétaire, on trouve en Ontario des dépenses de l'ordre de 74 317,34 $, soit 10 762,32 $ de moins que pour le Québec (voir p. 206-207). Le Pays, journal libéral avancé, dénonce cette politique et ironise en lançant cette boutade : « N'est-il pas probable que c'est le surplus de 55 mille piastres qu'il [le Haut-Canada] consacre à l'éducation qui fait qu'il lui en coûte autant de moins [?] pour la confection de ses lois ? (cf. 25 février 1869, [voir p. 222]) » Par là, le journaliste du Pays entendait suggérer au gouvernement Chauveau de faire servir à d'autres fins les sommes d'argent supplémentaires versées strictement en salaires pour l'administration provinciale. On trouvait le gouvernement trop dépensier. Les Canadiens-Français ayant maintenant leur État devaient dorénavant en assumer les coûts.