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Fonctionnement du nouveau système fédéral
Le premier thème abordé par Dunkin fut celui du fonctionnement du nouveau système fédéral. Comme on sait, ce nouveau système était principalement l'oeuvre de Macdonald, de Cartier, de Brown et de Galt. Sauf pour Brown, les trois autres politiciens étaient des conservateurs. Il allait de soi que l'opposition libérale à Québec s'attaque au nouveau système au cours du débat sur le discours du trône et qu'elle cherche avant tout à minimiser les attributions du gouvernement provincial. La réplique du gouvernement fut donné par Dunkin, le 14 février 1868. À ce sujet, le raisonnement du trésorier est le suivant : l'union fédérale, telle que conçue par les Pères de la Confédération, n'est ni une union législative qui ressemblerait étrangement à un État unitaire ni un système confédéral ou les provinces constitueraient des États indépendants qui délégueraient à un organisme central des pouvoirs toujours susceptibles d'être repris. Dans un cas comme dans l'autre, on ne peut parler d'une véritable fédération. D'après lui, le système fédéral canadien devrait établir un équilibre harmonieux entre chacune des sphères d'activités des différents parlements. Il devrait aller de soi que chacun dans son domaine exerce ses pouvoirs sans que cela soit au détriment des autres gouvernements. En d'autres termes, Dunkin récusait l'autonomie provinciale si elle mettait en cause l'union fédérale (89-91). Telle est la position traditionnelle du parti libéral du Québec. Nous considérons, sur ce point, que le premier ministre Chauveau s'est fait tordre le bras en quelque sorte2.
2 Si l'on considère le point de vue G.-É. Cartier devant l'Assemblée, le 30 décembre 1867, on peut observer un certain tiraillement au sein du Cabinet Chauveau. Cartier avait déclaré que « les pouvoirs des gouvernements provinciaux forment un tout et qu'ils sont définis en fonction des juridictions et des intérêts locaux. [traduction] » C'est en quelque sorte le caractère « autonomiste » de la position des conservateurs du Québec. N.B. La reconstitution des débats nous donne la version anglaise du discours de Cartier. Nous ne pouvons savoir vraiment s'il l'a prononcé en anglais ou en français. Toutefois, un fait demeure, la presse anglophone a diffusé un reportage beaucoup plus complet du discours de Cartier. (Voir assemblée nationale du québec, Débats de l'Assemblée législative, 1re Législature (1867-1870), p. 23-24 et p. xi pour les explications de l'éditeur responsable de la reconstitution des débats.)