INDÉPENDANCE POLITIQUE DU QUÉBEC 427
Doris Lussier (1918-1993)
Chronique de Bruno Deshaies 10 mars 2015
(Retour à l’Avertissement sur Vigile.quebec)
Voici trois pages que nous extrayons d’Histoire de deux nationalismes au Canada. Nous croyons qu’elles sont essentielles pour tous les indépendantistes. Maurice Séguin explique que le mal n’est pas dans le fédéralisme très ou peu centralisé mais plutôt dans la juxtaposition par subordination sur place et superposition qui limite et peut même détruire l’agir (par soi) collectif incomplet de la nation annexée. Nous vous invitons donc à lire ces trois extraits et à y réfléchir avant de juger trop rapidement.
Histoire de deux nationalismes au Canada, p. 7.
Histoire de deux nationalismes au Canada, p. 8.
Histoire de deux nationalismes au Canada, p. 9
Celles et ceux qui pensent que l’indépendance du Québec pourra se faire en dehors de la temporalité passé ↔ présent ↔ futur sans une évaluation de situation la plus complète possible devront se résigner au statu quo ante. En revanche, si les indépendantistes considèrent qu’«il ne saurait exister de substitution permanente pour le mieux, tant que survit la collectivité remplacée ou que l’assimilation n’est pas totale» (cf. Les Normes, Introduction), il faudrait quand même reconnaître fermement que «pour une société, le bien fondamental, c’est l’agir (par soi) collectif» (cf. Ibid.). Puis, corollairement, les indépendantistes auront à comprendre cette «norme» supplémentaire : « La privation, le remplacement de l’agir (par soi) collectif équivalent à une oppression essentielle» (cf. Ibid.), car «à côté de l’inévitable contact, de la collaboration, nécessaire», la séparation ou le séparatisme n’a rien de commun avec l’isolationnisme. C’est même le contraire de l’isolationnisme puisqu’il permet d’être maître chez soi et être présent monde tout en demeurant une collectivité distincte. C’est à l’évidence un changement complet de statut politique : de nation fédérée à nation indépendante. Un changement qualitatif fondamental.
Est-ce que l’Institut de recherche que le candidat Pierre Péladeau est prêt à fonder s’appuiera sur de tels fondements dans la charte de l’Institut ? Les indépendantistes québécois qui rêvent depuis des décennies s’attendent d’entendre enfin des mots bien articulés autour de «LA ″question″ fondamentale» (infra Yves Martin, « Nous sommes en 2003»). C’est la nation indépendante au sens intégral englobant la maîtrise sa vie politique, de sa vie économique et de sa vie culturelle sans compter les avantages de l’interaction entre les trois facteurs : politique, économique et culturel. Adhérer à une telle acception du concept de nation, c’est vraiment être un indépendantiste. La population veut le savoir et elle veut aussi le comprendre.
Où sommes-nous rendus depuis 60 ans ?
Récapitulons d’une manière très aléatoire et subjective quelques moments du parcours depuis 1955.
- Nous sommes en 1955.
Guy FRÉGAULT, «Le chevauchement des cultures au Canada.»
- Nous sommes en 1963-1964.
Maurice SÉGUIN, Histoire de deux nationalismes au Canada. Montréal, Guérin Éditeur, 1997. Édition du Cours télévisé de 17 leçons diffusées par le réseau français de la Société Radio-Canada où le professeur Séguin visait à exposer «une brève histoire du nationalisme canadien-français et canadien-anglais».
- Nous sommes en 1974.
Doris LUSSIER, « Pour la suite de notre histoire », dans Le Jour, lundi, 1er avril 1974, p. 5 (« Le fond des choses »).
- Nous sommes en 1975
Pierre HARVEY, «Le pain, le beurre et… l’indépendance.»
Félix LECLERC, «Le tour de l’Île.» Premier enregistrement en 1975 et un autre en 1989. Sous autre angle, plus culturel et poétique, les paroles de cette chanson en valent le détour et le retour.
- Nous sommes en 2003
Yves MARTIN, «LA question fondamentale.»
- Nous sommes en 2004.
François ROBICHAUD, «Vivre, c’est agir.» Site Le Rond-Point des sciences humaines, 14 octobre 2004
- Nous sommes en 2006.
Pierre DAVIAU, «Bilan du déclin du parti québécois en 2006.» Présentation par Bruno Deshaies. Trois chroniques de Monsieur Pierre Daviau (12 janvier, 19 janvier et 2 février 2006)
- Pierre DAVIAU, «L'illusion du progrès ou comment se leurrer ad vitam aeternam.» PARTI QUÉBÉCOIS : LE DÉCLIN ! (1/3)
- Pierre DAVIAU, «Le virus de la défection : responsabilité du Parti et de ses chefs.» PARTI QUÉBÉCOIS : LE DÉCLIN ! (2/3)
- Pierre DAVIAU, «Problèmes chroniques : obsession des stratégies, syndrome de l'électoralisme, MAIS surtout une très grande difficulté à se situer dans l'optique indépendantiste.» PARTI QUBÉCOIS : LE DÉCLIN ! (3/3)
Claude CHARRON à Paris. «La nation dont on se moque.» Première publication 28 novembre 2006 à 14h04. TVA. NATIONAL. Nation québécoise. Le texte intégral du commentaire de Claude Charron (infra Annexe)
- Nous sommes en 2011
L’ENGAGÉ, «Cœur de la pensée indépendantiste. Pour vos assemblées de cuisine. Une pensée indépendantiste claire et cohérente est une fondation puissante pour mettre en œuvre un changement politique réel. Dans Vigile.quebec, Tribune libre, lundi 15 août 2011. «Cet essai est un plaidoyer pour une pédagogie de l’indépendance.» 27 p. Visites : 1 499 + 11 messages. 2015-03-07 Présentation + Pour la suite de notre histoire.
- Nous sommes en 2014.
Indépendance nationale du Québec 410
Bruno DESHAIES, PAR OÙ FAUT-IL COMMENCER Politique publique sociale ou politique publique nationale ? 7 mars 2014.
Indépendance nationale du Québec 412
Bruno DESHAIES, VOTEZ POUR LE PARTI QUÉBÉCOIS. «Si le message est sans équivoque, le gouvernement péquiste aura des devoirs à faire.» 4 avril 2014. Visites : 1656 + 8 messages 2015-03-05 09:46
- Maintenant en 2015
Nous sommes en ce moment devant une Assemblée nationale sous l’emprise d’un certain pluripartisme avec ses avantages et ses inconvénients et les compromissions et cohabitations qui vont avec une pareille situation au plan législatif. Gouvernement majoritaire ou minoritaire confondus, cette singularité démocratique est loin d’être évidente. Les politologues ne nous rassurent pas sur la garantie d’une meilleure représentation démocratique de la nation. Le régime parlementaire de type britannique favorise le bipartisme qui oppose une majorité gouvernementale à une opposition minoritaire. Telle est la situation actuelle de notre Assemble nationale.
(Depuis l’élection partielle de lundi dernier, c’est le candidat Sylvain Rochon du Parti québécois qui a été élu. Le député élu a remplacé une député péquiste démissionnaire. Nouvelle représentation politique à l’Assemblée nationale : PLQ : 70 et PQ : 30 députés.) C’est le statu quo ante.)
Ces données électorales de 2014 nous fournissent le portrait des rapports de force au sein de l’Assemblée nationale.
D’une part, un gouvernement libéral majoritaire à Québec sous le docteur Philippe Couillard qui n’a rien de mieux à faire que de museler ses ministres et d’appliquer son plan d’austérité, puis de gérer le Québec une province comme les autres. Il se montre plus préoccupé du vivre ensemble tout azimut que de s’inquiéter du bien commun collectif. Sa pensée erratique voltige selon les événements. Le seul plan d’ensemble qui l’anime se résume à contrer les indépendantistes et, s’il le faut, au détriment du partage équitable de la richesse pour tous. Faut-il enfoncer le Québec dans l’improvisation de petits calculs mesquins selon les plus simplistes stratégies du libéralisme économique et de la privatisation sans condition ?
Il demeure que ce gouvernement provincial doit être sous haute surveillance. La pratique de cupidité demeure généralement trop facilement pardonnée étant donné que ce sont les contribuables qui en assument les coûts dans leurs impôts, leurs taxes et autres droits ou frais qui s’accumulent d’un budget à l'autre. Espérons que la Commission Charbonneau nous offrira des réponses adéquates tant pour punir que pour corriger les désastres financiers actuels. Pour le moment, ce gouvernement croit dur comme fer et avec une certaine arrogance, qu’il a le mandat sans équivoque de l’appui d’une majorité de Québécois. Il est évident qu’il mise sur la division des oppositions à l’Assemblée nationale.
D’autre part, un parti québécois dans l’opposition à l’Assemblée nationale et une course à la chefferie sur les bras et des candidats qui cherchent encore leurs voies. Faire de la politique exige plus que de la bonne volonté. Les enjeux sont de taille pour le prochain chef de cette formation politique souverainiste.
Il est tout à fait normal pour les citoyens et les citoyennes de se demander si les débats entre les candidats permettront de clarifier la position fondamentale des péquistes sur l’indépendance politique du Québec. Car s’ils s’embrouillent sur des questions de processus, de démarche, de cheminement ou de toutes autres entourloupettes avec des concepts flous de pays, d’État-Nation ou si ce n’est que de refaire des luttes sur le référendum ou une constitution sans savoir où ils veulent aller, alors la population saura que les dirigeants de ce parti ne cherchent qu’à finasser pour prendre le pouvoir.
Le prochain chef du Parti québécois, s’il est élu premier ministre du Québec, aura la lourde responsabilité de prendre, d’une part, les rênes de l’État provincial et, d’autre part, être le commandant indéfectible de l’objectif de l’indépendance politique du Québec. Comme chef du gouvernement de la nation québécoise, il fera face à tous les problèmes relatifs à la direction de tous les ministères et de toutes les politiques qui touchent au développement général et au bien commun de la société québécoise.
Sur le deuxième volet de ses responsabilités politiques, le premier ministre indépendantiste aura à s’entourer d’une équipe spéciale qui jouera un rôle essentiel dans la détermination des axes de développement de l’optique indépendantiste. Pour le moment, seul le candidat Pierre Karl Péladeau s’est montré intéressé à créer un Institut de recherche sur l’indépendance[1]. Cet Institut n’aura pas à se substituer aux travaux que l’État et le gouvernement doivent accomplir. Les membres de direction de l’Institut devront se préoccuper du statut de la nation québécoise dans l’optique indépendantiste et ils auront à s’assurer de bien comprendre la notion de nation au sens intégral. L’éducation populaire suivra cette orientation générale ainsi que l’action politique du chef du gouvernement du Québec.
Pour le moment, ce parti est dans l’opposition avec d’autres partis politiques. Le chef péquiste qui prendra la relève du chef intérimaire du PQ n’aura pas toute la marge de manœuvre qu’il pourrait souhaiter en tant que chef élu de l’Opposition officielle. Il devra louvoyer avec les autres formations politiques et avec le gouvernement. Sans compter qu’il doit aussi prévoir le pouls des Québécois et arrimer ses stratégies en fonction de l’objectif fondamental du parti. Désormais, les subtilités linguistiques et les atermoiements ne tiennent plus véritablement la route. Cette posture est considérée comme inacceptable par la population.
Les autres partis, la CAQ, Québec solidaire et Option nationale, ne peuvent qu’espérer gouverner un jour. En attendant, ils s’ajustent aux événements du jour en espérant attitrer l’électorat à leur cause. Leur présence ne rend pas la tâche facile pour un Chef de l’Opposition officielle. Madame Pauline Marois en sait quelque chose.
L’espoir
À première vue, la création éventuelle d’un Institut de recherche scientifique et appliquée sur l’indépendance du Québec ressemble à une bouffée d’espoir. Par contre, ce qui vient d’être annoncée comme «une première promesse» du Candidat Pierre Péladeau demeure trop vague pour le moment. Qu’il soit élu chef ou non, cette idée devrait être encouragée et soutenue par le Parti Québécois.
Maintenant que l’idée est lancée, il serait bon d’en connaître l’esprit et les contours. Par exemple, il faudrait savoir de quels types d’experts il entend s’entourer. Il a quand même signalé que ces derniers devraient documenter les bienfaits et bénéfices de l’indépendance sur chacun des dossiers et «être plus largement déterminés» à aller à la rencontre des citoyens et des citoyennes.
Pour réussir, son objectif «serait de faire de la nation un pays». Il a précisé que les limitations que nous impose la confédération briment notre développement. Sur ce, il a rapidement enchaîné et martelé que nous avions pourtant des bâtisseurs au Québec et il en a nommé quelques-uns, dont son père, Jean Coutu et d’autres créateurs de richesse.
De belles idées pour le temps présent. Mais si l’on envisage le futur, il faut connaître son passé. Seul le récit de la grande histoire qui a marqué collectivement la société québécoise jusqu’à nos jours peut nous être véritablement utile. Par exemple, il faut voir ce qui est réservé à la nation minoritaire dans ses rapports avec la nation majoritaire dans le fédéralisme. À cet effet, les calculs de Maurice Séguin ne laissent aucun doute sur la suite de l’histoire (voir supra les explications).
Mais où est-il le problème pour Monsieur Péladeau ? Il ne faut pas être un devin pour savoir que nous vivons depuis plusieurs générations déjà les conséquences de notre annexion par la seule connaissance de la grande histoire. C’est «pour la suite de notre histoire», comme le dit Doris Lussier, que nous devons nous préoccuper avec lucidité de notre statut de dépendance collective. C’est ce que nous voulons faire connaître et comprendre franchement à la société québécoise, car c’est stratégiquement très important. Or, c’est QUOI exactement ? sinon de savoir ce que c’est que l’indépendance en tant que telle ?
Ne serait-ce pas ce besoin irrépressible d’agir par soi collectivement en tant que nation ? Il est grand temps de le reconnaître explicitement et de cesser de tourner le fer dans la plaie. C’est une guérison que nous voulons ! En bref, le Québec est politiquement annexé, économiquement subordonné et, en plus, comme le dit Frégault : «une ″enclave culturelle″ dans une nation britannique» (supra «Nous sommes en 1955»).
Nous le vivons ! Nous le savons ! Nous avons la solution !
Agir (par soi) collectivement
Maintenant, il faut apprendre que «Vivre, c’est agir.» (Supra François Robichaud, 2004.) Mais il faut se regarder tel que nous sommes et apprécier exactement la situation sans se cacher la vérité parce qu’elle se révélera plus profitable pour élaborer la stratégie globale et organiser les forces de la collectivité.
S’imaginer que l’indépendance politique du Québec pourra se faire en occultant notre passé, en ignorant des connaissances historiques indispensables et, a contrario, se camper dans l’action pour l’action, ce serait faire fausse route. L’Institut de recherche que projette de créer le candidat Pierre Péladeau apprendra assez vite que les experts vont avoir besoin d’une solide connaissance de l’histoire des deux Canadas. Il nous faudra plus que des sondages et du marketing pour atteindre la fin visée. Les soixante dernières années nous montrent que la route est semée d’embuches et que la pente naturelle des fédéralisés québécois est difficile à renversée. Les fédéralistes du Québec et du Canada-Anglais l’exploitent sans vergogne.
L’idéologie du fédéralisme est prégnante partout. Et faire comprendre que l’indépendance du Québec est un bien en soi exigera des efforts considérables de réévaluation du conservatisme et du conformisme qui demeurent toujours très résistants même parmi les nationalistes québécois. Car un grand nombre d’entre eux sont des fédéralistes dépités. L’Institut de recherche devra élaborer un discours savamment étayé qui permettra de lever la barrière de l’incompréhension entre les indépendantistes et la société québécoise. La population ne demande pas mieux que de savoir ce que c’est que l’indépendance.
(30)
ANNEXE
Claude Charron
« La nation dont on se moque. »
(28 novembre 2006 sur TVA Nouvelles)
Madame, monsieur, bonsoir.
Il y a des pays où la reconnaissance d'une nation par ses voisins va donner lieu à une volée de cloches des églises et à une liesse populaire qu'il est beau et bon de voir. Mais la nôtre, surgissant comme une brume sur un matin d'hiver, va probablement s'estomper dès que le bulletin de nouvelles nous l'annonçant sera terminé. Et je ne pense pas qu'il faille déranger l'indifférence populaire, ça n'en vaut pas la peine. Ce vote que plusieurs vont qualifier d'historique n'est à mes yeux qu'un acte de plus sur la scène de la comédie canadienne. Qu'en ce soir, ce soit les souverainistes qui rient jaune et les fédéralistes qui se tapent sur les cuisses indique bien qu'il est temps que le rideau tombe sur une farce qui n'aurait jamais dû exister.
Rien d'historique, donc, malgré ce qu'en disent les adeptes des petits pas. C'est tout au plus le triomphe d'une stratégie politicienne qui a d'ailleurs été tirée du chapeau de gens qui ne sont pas membres de cette nation et qui combattaient le principe même de cette reconnaissance il y a encore quelques semaines. Non, ce n'est pas l'aboutissement des demandes séculaires du Québec, c'est tout au plus une improvisation couronnée de succès d'une idée instantanée qui aura eu pour effet de noyer le poisson.
Revenons, si vous le voulez bien, sur les faits. C'est à l'intérieur du Parti libéral fédéral, vous le savez, que le débat a refait surface. Le prétendant Ignatieff s'est réveillé un matin ne se pouvant tout simplement plus de vivre dans un pays qui ne reconnaissait pas la nation québécoise et il a décidé d'étendre cette démangeaison à son parti. Mais son parti, c'est celui de Trudeau et de Chrétien, c'est-à-dire qu'y évoquer la moindre particularité québécoise est comme agiter la guenille rouge devant le taureau. Alors, le petit bouton d'Ignatieff est devenu une crise d'urticaire dans les autres provinces. Et même le prince héritier Justin 1er en a profité pour nous remontrer sa tête, qu'on couronnera bien sûr un jour.
Bref, la campagne d'Ignatieff s'est embourbée et il n'attendait sûrement pas le secours de là où il est venu. Car c'est le Bloc québécois qui, voulant profiter des malheurs de son adversaire, a voulu forcer la Chambre des communes à nier l'existence de la nation québécoise.
L'Albertain qui dirige le pays s'est emparé de cette idée le plus rapidement possible, au grand dam des stratèges qui entourent Gilles Duceppe. D'ailleurs, s'il y a une conséquence positive qu'on doit souhaiter de cette affaire, c'est que maintenant qu'il s'est fait mettre le nez dans son pipi, le Bloc quitte cette prétention agaçante à se vouloir le maître du jeu, alors qu'il fonctionne dans la maison mère du fédéralisme. Non, c'est Harper, plutôt, qui a fait double jeu, puisqu'en relançant la campagne d'Ignatieff, il se trouve ni plus ni moins qu'à le choisir comme chef de l'opposition, ce gaffeur professionnel qui échappe le ballon même quand personne n'y touche. Mais quoi qu'il en soit, trouvez-moi un pays au monde où un chef de gouvernement peut dire qu'une nation est une nation quand elle est à l'intérieur du pays, mais qu'elle n'est plus une nation si elle en décide autrement. Que cela conduise à de grands éclats de rire, ça n'aurait pas été surprenant, mais que celui qui profère une telle absurdité soit applaudi des 2 côtés de la Chambre, c'est à proprement parler aberrant.
Et d'ailleurs, le pire est encore à venir parce que le reste est presque à en pleurer. Jean Charest, c'est bien connu, est très vite à acheter et à nous revendre le moindre produit comestible qui sort d'Ottawa, et il nous a donc vendu la valeur nutritive non seulement de ce beigne, mais du trou qui venait avec le beigne. Chez les indépendantistes, c'est la débandade. Gilles Duceppe a voulu récupérer sa bévue par une trouvaille, celle du Québec actuellement au Canada, comme si c'était une nation touriste qui aurait pu se retrouver le lendemain au Maroc ou en Argentine. André Boisclair, qui aime beaucoup se faire désirer, a fini par intervenir avec une chanson dont on a oublié les paroles, mais qui, en gros, disait qu'il y voyait un progrès quelconque, ce qui, du coup, a obligé Duceppe à faire volte-face, à annoncer un changement dans son vote. Il a fendu l'air sur une 3e prise avec enthousiasme, nous a-t-il dit, comme s'il fallait en plus se faire dire cela. Mais pourquoi donc ce cirque a-t-il réussi à accaparer le chapiteau de l'actualité aussi longtemps pour s'achever dans le ridicule ? Eh bien, c'est pour une seule raison, aussi gênante et humiliante soit-il de l'admettre. Oui, nous formons une nation depuis 2 siècles et demi, mais nous nous comportons rarement comme si nous en étions une. C'est comme si de colonie vaincue et abandonnée nous avions acquis ce statut presque malgré nous. Et le droit de gérer ses propres affaires, qui est inhérent à la notion de nation, nous semble parfois carrément étranger. Et c'est pour ça que des charlatans et des apprentis sorciers nous inondent de leur pacotille et de leurs mirages.
Moi, je retiendrai de cet épisode un sondage dans le Canada anglais qui indiquait qu'une majorité de gens était prête à reconnaître 50 nations amérindiennes, mais pas la nation québécoise. Qu'on ne me dise pas qu'ils ne savent pas c'est quoi, une nation. C'est par pur mépris qu'ils nous le refusent et c'est pour ça que, quoi que votent leurs députés, ça ne changera strictement rien. Je vous jure que cette histoire triste l'est autant vue de loin que de près.
Merci de votre attention.
NOTES
Pour replacer dans son contexte cette prise de position de Claude Charon, nous suggérons de consulter ma Chronique 428 et les Débats de la Chambre des communes à Ottawa.
INDÉPENDANCE DU QUÉBEC 268
Bruno DESHAIES, «La nation québécoise dans la fournaise.» «Québécois, Québécoises» ou «Quebeckers» « ...A nation within a united Canada. » (Stephen Harper) Vigile.quebec, jeudi 30 novembre 2006 816 visites 25 février 2015
Chambre des Communes -- Canada. La séance est ouverte à 14 heures. 23 novembre 2006. Les Québécois
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[1] Pierre Karl Péladeau a indiqué qu’il créerait ce qu’il nomme, «de façon préliminaire», un Institut de recherche scientifique et appliquée sur l’indépendance du Québec [applaudissements] (http://on.aol.ca/video/pkp-fait-une-premi-re-promesse-518646266). Toutefois, en anglais, il aurait probablement dit : "Experts in Research and Development » (R and D). Il serait intéressant de connaître ces experts.