INDÉPENDANCE NATIONALE DU QUÉBEC 393
L’objectif électoraliste doit-il décider de tous les gestes de tous les partis politiques ?

Un gouvernement qui vielle sur le Québec depuis neuf ans, qui aboutit à l’adoption d’une loi antidémocratique, qui se cache derrière les faux-fuyants de sa bonne gestion et qui, en plus, ne parvient pas à mâter les responsables de la corruption ne peut prétendre être capable de combattre ceux et celles qu’il décrit comme étant tous des gens de la rue ou de partis aveuglés par leur idéologie.

Cependant, tous les partis d’opposition qui salivent à cette élection participent au même jeu supposément démocratique en nous accablant à leur façon d’une élection à l’image de l’hypocrisie du gouvernement actuel. L’objectif électoraliste décide de tous les gestes de tous les partis politiques. Il en résulte une méfiance sans borne de tous les citoyens et citoyennes qui ont à cœur le bien commun collectif du Québec.

La nation québécoise désire autre chose que le défoulement des esprits entre des politiques qui vont déchirer leur chemise en public en tentant de nous faire avaler leurs arguties. C’est d’ailleurs commencé depuis un certain moment par une campagne pré-électorale qui frise l’illégalité si l’on comprend décemment les mécanismes de notre régime électoral, parlementaire et démocratique. Le gouvernement Charest nous abuse complètement. Le peuple patiente mais il est écœuré de voir aller s’aligner les formations politiques dans une perspective électoraliste. Nous allons d’une déception à l’autre à vous entendre nous seriner vos discours et, surtout, de vous faire valoir comme des paons qui font la roue.

Enfin, le premier août, après de nombreuses entourloupettes comme il en a l’habitude, le premier ministre J. J. Charest a fait un pas de plus. Il est allé réclamer du Lieutenant-gouverneur du Québec le déclenchement des élections prévues pour le 4 septembre prochain.

Les slogans de campagne sont connus : la démocratie pour les libéraux, la gestion honnête pour les péquistes et la remise en ordre de l’État du Québec par la CAQ. Les journalistes sont en fête. Ils nous résument les discours et ils répètent les slogans. Ils se mettent à l’écoute de l’é-v-é-n-e-m-e-n-t. Des pages de journaux seront remplis de détails croustillants et que dire de la radio, de la télévision et de tous les médias sociaux. Beaucoup de bruit et d’excitation.

Le ton vient d’être donné par le premier ministre qui claironne les principes démocratiques de son gouvernement. Pourtant, la loi 12 (projet de loi 78) adopté le 18 mai 2012 [À lire : Pierre Fontaine, « La démocratie en danger ! »], nous démontre que les motifs de cette loi et les intentions du premier ministre du Québec consistaient à faire peur au monde sur l’hôtel des fameux principes de la Charte des droits et libertés du Canada. Faire régner un climat de terreur pour mieux accuser les contestations étudiantes qualifiées de « grève étudiante » et marquer un pas de plus, les stigmatiser avec les mots : « DÉMOCRATIE DE LA RUE ». Or, l’analyse de la loi 12 et les réactions ici et ailleurs à travers le monde nous démontre que son raisonnement est strictement idéologique et pervers.

 Pierre Fontaine écrit : « … le gouvernement [Charest], c’est-à-dire l’exécutif, se confère le pouvoir extraordinaire de gouverner par décret et de modifier lui-même la loi ainsi que toute autre loi et règlement durant près de quatorze mois, soit jusqu’au 1er juillet 2013, ou à la date qu’il déterminera lui-même.  »

Tous les partis d’opposition doivent catégoriquement s’élever contre cette loi scélérate. Leur engagement doit être ferme, clair et explicite. De plus, contre la démagogie du gouvernement Charest, les partis d’opposition doivent remettent en cause la hausse des frais de scolarité tant et aussi longtemps qu’une politique explicite soit révélée officiellement aux citoyens et citoyennes du Québec.

Deux étapes à suivre : la première, gel des frais de scolarité ; la seconde, élaboration d’une politique publique de la gestion et du fonctionnement du réseau d’enseignement postsecondaire en tenant compte des conclusions de la Commission Charbonneau qui obligeront inévitablement des modifications au cadre budgétaire du gouvernement ainsi que des « paramètres fumeux » dont nous accable le ministre des Finances du Québec. Si les CHEFS DES PARTIS D’OPPOSITION endossaient une telle posture pour l’État du Québec, on pourrait commencer à être certain que le Québec ne vivrait pas une 4e fois sous le régime des libéraux et de J. J. Charest, leur chef opportuniste et démagogue.

Les partis d’opposition ont aussi la responsabilité de contrecarrer le discours économique soporifique des libéraux qui est entaché de scandales considérables dans le domaine des dépenses de l’État d’une valeur de près de 16 milliards de dollars pour les travaux publics qui se sont étalés sur neuf années (entre 2003 et 2011) et dont près de 68 p. cent du montant global a été utilisé au cours des quatre dernières années du régime de J. J. Charest (cf., « Valeur des contrats de travaux publics du Ministère des Travaux publics »). http://blogscienceshumaines.blogspot.ca/2012/06/les-elections-plus-tard.html

Il apparaît évident que la contre-offensive des opposants aux libéraux doit dépasser la rhétorique du « Libérez-nous des libéraux ». Mais comment ?

Le premier front, la conception Charest de la démocratie. Il nous dit qu’il fera tout pour faire respecter les lois. « Compter sur moi là-dessus ! », déclare-t-il sur un ton catégorique. Il ajoute même qu’il va se battre avec « énergie et passion ». Le gouvernement a pris des décisions. Et le premier ministre et son gouvernement ont « le goût de faire le changement ». La majorité silencieuse a l’occasion de se prononcer par la voie de cette élection et de nous élire pour mettre au pas les contestations des gens d’en bas (cf., « Le viol démocratique. » http://blogscienceshumaines.blogspot.ca/2012/06/le-viol-democratique.html)

Le deuxième front, les dépenses publiques et la carence de la surveillance adéquate des comptes publics du gouvernement Charest. Au cours de ses neuf années de pouvoir, le premier ministre du Québec avait l’obligation de resserrer ses façons de dépenser l’argent des contribuables. On n’a pas encore vu l’ombre d’un changement d’attitude dans sa façon de voir les choses. Il reste immuable. Il se moque de nous tous. Il jouit de son pouvoir personnel et il s’en frotte les mains. Il fonctionne à l’adrénaline électoraliste qui provoque en lui une joie intense presque infantile. Un politique qui se moque outrageusement d’une couche importante de la société dans ses propos ne mérite pas le respect des citoyens et des contribuables.

Le troisième front, le projet de société du parti libéral du Québec. Le premier ministre s’évertue à nous dire que son projet de société n’est pas influencé pas la rue. Sa vision du Québec est économique et il a fait le meilleur choix qu’il résume dans son slogan de campagne électorale : « Pour le Québec ». Son projet consiste à nous réunir contre les défenseurs des carrés rouges et les péquistes qui encouragent « la rue ». Selon lui, les citoyens sont ou dans la rue ou pour lui. Les libéraux sont pour la loi, l’ordre, la stabilité et le bon gouvernement. Il fait appel aux vielles menaces du premier référendum de 1980, d’où lui vient son délire contre les « séparatistes » qu’il rabroue parce que, pense-t-il, ces derniers défient les lois et s’attaquent aux valeurs de la démocratie québécoise et des droits des individus. Il prend soin d’ignorer que dans une société démocratique les représentants politiques qui occultent les maux qui accablent la majorité silencieuse doivent ajuster le tir ou quitter le pouvoir avant de perturber plus gravement la paix sociale collective. Le feu ne s’éteindra parce que le chef du parti libéral du Québec promet la création de 250 000 emplois et un Plan Nord mirobolant. Il est trop tard.

Il faut plus que des promesses électorales et des programmes politiques pour prétendre gouverner correctement une société dans le respect des individus et du bien commun collectif. Ces deux aspects de la vie d’une nation sont indissociables. Ces conditions essentielles de la vie démocratique valent pour tous les partis politiques confondus. L’État du Québec ne doit pas devenir l’outil maléfique d’aucun chef de gouvernement au Québec. Le bruit des bottes ne sied pas à une démocratie véritable. Les gens d’en bas ont le droit collectif de faire connaître leur avis à des dirigeants politiques qui abusent de l’État pour servir des fins plus particulièrement partisanes.


Pauline Marois et Léo Bureau-Blouin,
candidat pour le PQ dans Laval-des-Rapides

Hier, la chef du Parti québécois a fait une promesse aux étudiants. Elle a reconnu d’annuler la hausse des frais de scolarité. Elle a compris que la loi no 12 (projet de loi 78) doit être abrogée dans les premiers 100 jours de son gouvernement. Elle a aussi ajouté qu’elle organiserait un sommet sur l'éducation supérieure où seraient notamment abordés le financement et la gestion des universités. Si ce sommet menait à la conclusion qu'il faut hausser les droits à hauteur du coût de la vie, le PQ s'engage à le faire, a assuré Mme Marois. Tous ces éléments, dit-elle, « font partie du plan péquiste ». Le hic dans ce « plan » tient à cette promesse conditionnelle d’une hausse des droits des frais de scolarité au niveau du coût de la vie. Cette décision est prématurée.

Soyons pragmatique.  Pour élaborer une politique publique viable, il est impensable de se fixer des objectifs techniques avant l’analyse objective complète de la situation en cours. L’État doit d’abord chercher à comprendre ce qui a créé la situation « A » avant d’anticiper (bêtement comme la fait J. J. Charest et son parti de libéraux assujettis béatement) les solutions pour la mise en place de la nouvelle situation « B » qui devrait résoudre le problème ou, en l’occurrence, la crise sociale en plus, en pleine campagne électorale.

La nouvelle politique au sujet du réseau de l’enseignement supérieur doit corriger la situation « A » créée de toute pièce par le premier ministre Charest et son ministre des Finances, Raymond Bachand. Ils sont directement responsables de cette crise « québécoise » dont ils abusent machiavéliquement avec le sourire aux lèvres. Dans le fouillis des scandales du gouvernement Charest, parler de la « juste part » comme un absolu, c’est faire preuve d’irresponsabilité gouvernementale envers toute la société québécoise. No way !

L’État du Québec doit agir avec prudence sur cette question de la « crise étudiante ». La chef du parti québécois semble partie sur la bonne piste.

L’objectif électoraliste ne doit pas être la FIN de la vie démocratique.

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(*) Projet de loi no 78 (2012, chapitre 12)

qu’ils fréquentent
Présenté le 18 mai 2012
Principe adopté le 18 mai 2012
Adopté le 18 mai 2012
Sanctionné le 18 mai 2012
Éditeur officiel du Québec
2012