Auteur AccueilLivresHistoire de deux nationalismes au Canada


Avertissement aux étudiants

Vous voici, et me voici, lancés dans une aventure que nous n'avons pas recherchée. Certaines circonstances ont décidé pour vous comme pour moi. Nous devons ­­ en dix-huit leçons ­­ couvrir l'histoire du Canada depuis la Cession de 1763 jusqu'à nos jours. Nous devons parcourir (le Régime britannique), deux siècles d'histoire. Nous savons quand nous commençons; Dieu seul sait quand et où nous finirons!

Je tiens à dire, ici, qu'une expérience d'une quinzaine d'années à l'Université [de Montréal] m'a appris qu'il faut au moins soixante heures pour couvrir convenablement ­­ devant des étudiants qui ont déjà des notions d'histoire du Canada ­­ les grandes lignes de l'histoire du Régime britannique. Et nous, nous ne disposons que de dix-huit émissions de quarante-cinq pauvres, brèves, petites minutes.

Je vous conseille, chers télé-étudiants, d'écouter d'abord ; de prendre le moins de notes possible ? quelques trente lignes par cours suffiront amplement ; et après l'émission, durant la semaine, si vous en avez le temps, RÉFLÉCHISSEZ, MÉDITEZ. Rien ne sert de se tuer à prendre des notes si c'est là un obstacle à l'intelligence du cours.

Surtout, n'allez pas alourdir votre tâche en vous croyant obligés de lire un manuel. Vos quelques brèves notes, accompagnées de réflexions personnelles, vous suffiront pour préparer l'examen. D'ailleurs, à l'examen, les questions seront d'ordre général. Il [vous] faudra une compréhension globale des quelques problèmes que nous étudierons ensemble.

J'ajouterai. Chacune des dix-huit émissions est absolument nécessaire à la compréhension de l'ensemble. Manquer plus de deux cours, c'est risquer de ne rien comprendre.

Enfin, réservez votre jugement sur la manière d'envisager l'histoire du Canada sous le Régime français et sous le Régime britannique à la fin des dix-huit émissions, si vous avez pu écouter les dix-huit émissions. Dans le cas contraire, abstenez-vous de juger et de conclure.

MAURICE SÉGUIN

.. tout citoyen, dans l'appréciation des événements quotidiens, se rapporte nécessairement à une conception générale de la situation politique, économique, culturelle ou sociale du milieu où il vit. Obligé de se prononcer fréquemment sur ces questions fondamentales, il ne saurait éviter de recourir à une explication historique. De sorte que la haute histoire des phénomènes primordiaux est en définitive, pour ceux qui ne sont pas des professionnels de l'histoire, la seule histoire importante et irremplaçable.

Maurice Séguin
Les Normes, dans R. Comeau, 1987, p. 84-85

On ne saurait soutenir qu'une nationalité dominée et annexée politiquement, économiquement ne subit aucun tort. On ne saurait soutenir non plus qu'être bien gouverné par une autre nation ou bien exploité économiquement par une nation plus riche ne comporte aucuns inconvénients. Et on ne saurait soutenir qu'il faut être mal gouverné ou mal exploité pour subir des dommages et avoir le droit de songer à se libérer. Bref, on ne peut prétendre qu'une nation annexée ou colonisée n'a qu'un droit éloigné à l'indépendance. [...] Une nation a le droit que lui confère sa «force» ...

Maurice Séguin

Notes prises au cours HC. 480 (1965-1966), p. 41 et 42.


SOURCE :  Histoire de deux nationalismes au Canada. Cours télévisé de Maurice Séguin édité par Bruno Deshaies. Montréal, Guérin Éditeur, 1997. xviii + 451p.

Remarque.− À la fin de sa carrière universitaire, en 1984, le professeur Séguin intitulait son cours : Les deux nationalismes  (code HIST 2338 3 cr.).  La description du cours était  courte mais très explicite : « Histoire du conflit politique, économique et culturel entre le Canada français et le Canada anglais 1760-1960.»  


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