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Écrits Comptes rendus Vers un modèle de direction de recherche doctorale en sciences humaines
Vers un modèle de direction de recherche doctorale en sciences humaines
Chantal Royer
ROYER, Chantal. Vers un modèle de direction de recherche doctorale en sciences humaines, Sainte-Foy, Presses universitaires du Québec, 1998, xii + 91 p. (« Collection ES », no 9). ISBN 2-7605-0992-3 PRIX : 25,00 $
La collection « Enseignement supérieur » met à la disposition des universitaires un certain nombre de recherches sur la situation de l'enseignement et de la vie universitaire. Dans cet esprit, la publication de la thèse doctorale de Chantal Royer traite plus particulièrement de la direction des étudiants et des étudiantes qui entreprennent des études doctorales. L'objectif de sa recherche consiste à esquisser un modèle de direction de recherche doctorale en sciences humaines. Les jeunes chercheurs semblent rechercher un peu plus de support de la part de l'université dans leur cheminement de formation.
La position du problème par Chantal Royer est clairement exprimé à la page 17 : « [L']étude s'intéresse essentiellement à la direction de recherche telle qu'elle est pratiquée en contexte de formation doctorale dans le secteur des sciences humaines au Québec francophone ». Puis, elle précise que « la direction de recherche constitue [...] un élément pertinent et utile de la démarche d'étude. Lorsqu'elle est appropriée, elle augmente les chances de réussite de l'étudiant. (p.13) » Telles seraient les « limites de l'étude » si j'interprète bien le sens de cette recherche.
L'approche de cette recherche se veut être de « terrain ». Cette décision a été prise par la jeune chercheuse parce qu'elle soutient qu'il existe une absence de connaissances empiriques par rapport à la direction de recherche. Néanmoins, elle dresse une liste nombreuse de recherches existantes qui ont contribué à apporter un éclairage utile sur les problèmes reliés à la formation du 2e et du 3e cycle universitaire.
La démarche de l'auteur est rigoureuse mais l'organisation des résultats de la recherche entraîne de nombreuses répétitions. Dans cette vaine, les « résumés » des chapitres posent problème. Ils auraient été acceptables dans un rapport de recherche soumis à une institution ou un client ; ils deviennent nettement redondants dans un livre. Il aurait mieux valu intégrer le contenu des « résumés » au contenu des chapitres. Ou, autrement, j'aurais plutôt changer les résumés en quelque chose de plus percutants comme « Débats sur... » ou encore « Perspectives nouvelles ».Le chapitre 1 consacré au « contexte de l'étude » me semble trop général. Il aurait été préférable de focaliser sur les problèmes liés à « l'inadéquation de la direction de recherche » (p. 11-13), car c'est ce dont il est fortement question aujourd'hui. Les insatisfactions des étudiants et des étudiantes ne me semblent pas avoir leurs réponses dans cette publication, car à la page 75, l'auteur rappelle que « les analyses liées à la qualité de la direction de recherche et présentées dans le cadre de la problématique (chapitre 1) révèlent que le manque d'intérêt, l'incompétence et le manque de disponibilité du directeur figurent parmi les principaux facteurs d'insatisfaction des étudiants. » Ce point de vue est aussi confirmé à la note 5 de la page 12 « pour de nombreuses similitudes ayant été observées à travers les pays et les époques ».
Le chapitre 2 nous apprend peu de choses ; le chapitre 3, le plus long, est consacré à l'analyse des résultats des interviews avec 12 professeurs de 2 grosses universités francophones du Québec et le dernier chapitre tente de dresser un modèle de la direction de recherche. En fait, il s'agit plutôt d'une « modélisation de l'intensité, des moyens, des conditions, du rôle du directeur de recherche et des retombées de la direction de recherche doctorale en sciences humaines » (cf. Figure 2, p. 78).
À notre avis, l'intérêt véritable de cette recherche consiste à mettre en évidence les rapports entre le directeur de recherche et le doctorant. Sachant, d'une part, les problèmes que vivent les étudiants aux cycles des études supérieures et, d'autre part, les responsabilités des directeurs de recherche, madame Royer vient bien près de mettre l'emphase sur les rapports entre des êtres humains. N'écrit-elle pas en conclusion qu' « avant d'accepter une direction de recherche, il est important que le professeur explore la situation en questionnant l'étudiant sur ses motivations, ses disponibilités, ses projets, etc., et qu'il informe l'étudiant de ses conceptions et de ses manières de procéder » (p. 84). Ce qu'elle a compris mais qu'elle n'a pas dit assez fort, c'est que la modélisation des rapports humains est quasi impossible. Les partenaires dans l'entreprise du doctorat et de la thèse devraient clairement clarifier « leurs attentes respectives », car « cet exercice est utile pour se connaître un peu mieux, savoir un peu plus à quoi s'attendre dès le départ et ainsi augmenter les chances que s'établisse une relation efficace et harmonieuse » (p. 84).
Sur ce tout dernier point, on trouve un filon fondamental de recherche sur les problèmes de direction de recherche. En ce cas, la méthode d'enquête serait très différente. Elle devrait plutôt procéder de la psychosociologie que des techniques d'observation indirecte qui peuvent conduire à de nombreuses distorsions entre le réel et le perçu. D'où la très grande importance de la section 2.2 portant sur la « conception du doctorat et de la thèse » (p. 58-63) à condition de voir le doctorat comme un engagement personnel et la thèse comme un engagement intellectuel. En outre, que les notions d'intérêt (p. 73) et de respect (p. 74) de la part du directeur de recherche soient plus étoffées et qu'elles dépassent les aspects universitaires et administratifs seulement.
En dépit de toutes ces remarques, Vers un modèle de recherche doctorale en sciences humaines peut servir de point de départ à des discussions en profondeur qui, cette fois, porteraient sur des questions fondamentales de relations entre des individus poursuivant une visée commune : la formation de chercheurs de haut niveau et d'individus aptes à comprendre des problèmes complexes avec lucidité et maîtrise de tous leurs moyens.
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