Un golf pour 4,4 ¢ le mètre carré
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Un golf pour 4,4 ¢ le mètre carré
Ville de Québec
La construction du golf dans le parc Chauveau a pour conséquence de pénaliser les contribuables de la ville de Québec. Ce projet, créé dans une situation compliquée, ne favorise que certaines personnes et des intérêts privés. Les contribuables de la ville de Québec n'en ont pas pour leur compte.
Pour en savoir plus, analysons objectivement les tenants et aboutissants de ce projet. Le contribuable aura vite compris qu'il est leurré et qu'il fait les frais d'une telle décision. Voyons les faits.
Premier fait. Soixante pour cent de la superficie totale du golf est situé dans le parc Chauveau. Comme tout le monde sait, cet espace est accordé gracieusement par la ville de Québec à un promoteur privé.
Deuxième fait. En plus d'un parc Chauveau saccagé, la ville accepte une minable rente pour l'occupation du golf de 35 000,00 $ par année pour une durée de 75 ans.
Troisième fait. Compte tenu de la piteuse rente acceptée par la Ville de Québec, la totalité du golf est donc cédée au PRIX DÉRISOIRE DE 4,4 ¢ LE MÈTRE CARRÉ.
Quatrième fait. De son côté, le petit propriétaire domiciliaire paie 1,15 $ de taxes pour chaque mètre carré de terrain. Il paie donc 26 fois plus le mètre carré de terrain. Par conséquent, les contribuables n'en retirent ABSOLUMENT RIEN.
Une décision économique désastreuse : pourquoi ?
L'acharnement de la ville à vouloir son golf à tout prix dans Chauveau prive annuellement les finances de la ville de recettes de taxes foncières de 1,5 millions $. Ce manque à gagner provient de l'absence de développement domiciliaire dans la partie du golf située hors parc Chauveau. N'est-ce pas ce qu'on peut appeler spolier les contribuables ?
La ville affirme que son projet de golf immobilier de 1000 unités d'habitation rapportera 2,4 millions $. Or, l'abandon du projet de golf en tant que tel permettrait d'ajouter un développement domiciliaire d'environ 700 unités d'habitation au projet immobilier initial. Le tout rapporterait 3,9 millions $ annuellement. Par ailleurs, la réalisation d'environ 475 unités d'habitation sur des terrains pour lesquels la ville renonce à développer avant dix ans porterait les revenus totaux de taxes à 4, 9 millions $. Par conséquent, si le projet initial de la ville était modifié, il permettrait de plus que doubler le nombre d'unités d'habitation. En plus, ce projet global de développement domiciliaire préserverait le parc Chauveau actuel dans son intégralité.
Une gestion lamentable de la chose publique : pourquoi ?
La ville saccage son plus beau parc naturel, le parc Chauveau, au profit d'une utilisation réservée à une minorité de personnes qui prive l'ensemble de ses citoyens d'un lieu de détente et de découverte de la nature inestimables.
La ville nous cache des coûts et sous-évalue ses dépenses. De plus, par son bail emphytéose, elle octroie une subvention directe à un promoteur privé pour une durée de 75 ans. Cela, dans les faits, équivaut à un prix dérisoire annuel de 4,4 cents le mètre carré.
La ville renonce à promouvoir au cours des dix prochaines années le développement résidentiel d'une superficie de 220 256 m2 de terrain qui lui appartient.
La ville s'entête à poursuivre la réalisation d'un projet non rentable qui appauvrit financièrement et économiquement toute la ville de Québec. En ce sens, ce projet est un pur gaspillage.
La ville refuse d'examiner des projets alternatifs plus rentables économiquement dans une perspective d'un véritable développement urbain.
Voilà une gestion publique lamentable.
En guise de conclusion, nous croyons que de telles décisions expliquent pourquoi la ville de Québec et certaines autres municipalités sont continuellement empêtrées dans des difficultés financières. Ces administrations planifient aujourd'hui des projets économiques non rentables qui préparent, pour demain, des gouffres financiers fiscaux.
Le projet de golf dans Chauveau doit être abandonné pour faire place à un véritable projet de développement domiciliaire mieux intégré à la trame urbaine de des Rivières ainsi qu'aux besoins économiques de la ville de Québec.
Bruno Deshaies
Pierre Daviau
Pour un regroupement de citoyens et
de citoyennes de Neufchâtel
Québec, 13 juin 1998
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P.-S. Ce texte a été finalement publié dans Le Soleil, le 17 juin 1998, p. B8 sous le même titre dans la rubrique « Carrefour des lecteurs ».