Chaire de civilisation canadienne-française (1953-1956)
Rond-Point Histoire Histoire du Québec (1760 à nos jours) / Évolution historique du « deuxième » Canada Chaire de civilisation canadienne-française (1953-1956)
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Évolution économique, sociale et politique du canada-français (1760 à nos jours)
3e cours - La 15e Colonie anglaise
« The Province of Quebec »
28 septembre 1953 (troisième et quatrième cours de Maurice Séguin ) [4]
Notre civilisation (II)
« La lutte était inévitable entre les gouverneurs et les marchands anglais, au Canada, après 1760. »
L'empire anglais s'était enrichi d'une colonie de plus sur le continent. Tout naturellement, le gouvernement de Londres songe à développer et à peupler cette 15e Colonie. Il en avait bien le droit.
En mai 1763, Londres malgré les efforts de la colonisation anglaise, la population d'origine française dominera un certain temps et qu'il faudra en tenir compte. Mais quand vient le moment de rédiger la constitution, en octobre 1763, on oublie ce reste de colonisation française.
La Proclamation Royale, en créant la province de Québec, promit, « afin que des établissements s'y forment rapidement », un gouvernement avec Chambre d'assemblée, des tribunaux guidés par la loi anglaises. Pas un mot sur la façon d'administrer ce qui reste de la colonisation française. Un groupe de marchands Anglais s'emparent de l'élément le plus dynamique de la vie de la colonie : le grand commerce. Cependant, il n'y a pas d'immigration anglaise massive.
Par considération pour la prépondérance des Canadiens, le gouvernement Murray décide, de lui-même, de ne pas appliquer intégralement la constitution. Il organise un Conseil, mais ne convoque pas d'Assemblée. À côté d'une cour supérieure anglaise, il prend sur lui d'instituer temporairement une cour des plaids communs avec coutumes françaises. Il admet des Canadiens dans le jury, etc.
Les marchands anglais accusent Murray de violer la constitution et de les priver des promesses royales. Ils réclament la convocation d'une Chambre d'assemblée, grand moyen de d'imposer au gouvernement et de jouer dans la vie politique de la colonie un rôle correspondant à leur force réelle dans la vie économique, les Canadiens défendent les commissions temporaires octroyées par Murray.
De son côté, Londres, dès 1764, avant l'agitation déclenchée en Amérique par la Loi du Timbre (Stamp Act, 1765) retrouve son idée première de tenir compte de la présence des Canadiens et amorce une révision partielle de la constitution de 1763. Tout en conservant l'idée maîtresse d'attirer une population anglaise et de transformer la vallée du Saint-Laurent en une colonie anglaise, Londres accepte une certaine tolérance et projette des concessions en faveur des Canadiens.
- Voir nos remarques à la note 1 ; le résumé de la conférence dans Le Devoir, mardi, 29 septembre 1953, p. 5.