L'affrontement Lesage-Johnson (1962)
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JOHNSON – les programmes des deux partis
Est-ce que je n'ai que sept minutes pour relever les erreurs et toutes les faussetés? Je vais aller au plus rapide. D'abord, que ce programme ait été préparé dans deux heures, M. Lesage s'imagine que c'est comme le programme de '60 qui avait été fait en deux jours, trois jours, par M. Lapalme, dans un hôtel. Moi, dès mon élection comme chef du parti, j'ai fondé, établi un Conseil de recherches et ce conseil de recherches s'est mis à l'œuvre et le programme que nous présentons à l'électorat, un programme qui fait mal aux libéraux - et ça paraît, puisqu'ils ont commencé à y puiser plusieurs des points que nous exposons - ce programme a été préparé avec beaucoup de soin, évidemment, peut-être avec moins d'experts que les libéraux qui ont quarante commissions, mais quand on est dans l'opposition, on est limité dans ses moyens.
Quand on pense, par exemple, que le premier ministre s'en vient dire qu'on a donné de l'honnêteté gouvernementale, on me permettra de sourire, quand on sait combien il y a de ministres déjà impliqués et qui se sont très mal défendus à date, à mon point de vue. Il n'y a qu'une manière de mettre fin à des abus qu'il y a eu de notre temps et qu'il y a eu, en très grande quantité et en très grosse quantité, dans les 27 mois d'administration libérale : c'est de mettre en application deux mesures que j'ai préconisées, avant la convention et depuis la convention et en Chambre, depuis deux ans. C'est d'abord que le Comité des comptes publics siège régulièrement, non pas pour salir personne, mais pour faire en sorte que tous les fonctionnaires et les ministres suivent la loi scrupuleusement et fassent attention car ils sauront qu'un jour ou l'autre il aboutiront devant le Comité des comptes publics et qu'ils seront questionnés par des malcommodes comme moi ou d'autres qui pourraient... qui après le 14 novembre resteront dans l'opposition, il en restera un minimum, je pense bien, après le 14 novembre ; l'autre mesure, c'est une Commission, c'est une... pour une fois je suis en faveur d'une commission, pas quatre douzaines, mais une commission efficace (en parlant il déplie un prospectus du programme de l'Union nationale et il lit le texte qui suit) " Instituer un comité avec représentants de l'opposition pour surveiller les achats, contrats et autres transactions impliquant une dépense de deniers publics ". En somme, l'opposition sera représentée et elle veillera à ce que, par ce comité, les dépenses soient faites en conformité avec la loi, oui, deuxièmement des directives du Cabinet, directives qui seront, je l'espère, approuvées par l'Assemblé législative. On va prévenir, plutôt que d'essayer de guérir quand il est trop tard. Et je crois que ce sont là des garanties d'une administration... euh... d'une administration la plus honnête possible avec des hommes.
Mesdames, messieurs, l'Union nationale a un programme et elle a un programme qui pense aux cultivateurs, qui pense aux ouvriers. Le premier ministre dit qu'il est fier de l'État du Québec ? C'est nous qui avons sauvé l'État du Québec. Si le premier ministre actuel de la province, quand il était à Ottawa, avait eu raison, s'il avait pu établir, faire admettre ses théories qu'il partageait et que son sous-ministre, M. Lamontagne, exposait dans un livre, l'État du Québec, on n'en parlerait plus, car ce serait un État entièrement dépendant de l'État fédéral, sans aucun pouvoir de taxation. [Allusion à l'impôt provincial de 1954 établi par le gouvernement Duplessis.]
Si l'État du Québec a survécu, c'est grâce à un parti qui a toujours soutenu, contrairement à M. Saint-Laurent - le chef du premier ministre quand il était à Ottawa - que la province de Québec n'était pas une province comme les autres. Ça ne veut pas dire une province moins belle ni moins bonne, mais si le premier ministre avait eu raison quand il était à Ottawa il n'y en aurait plus d'État du Québec dont on pourrait être fier. Nous ne sommes pas contre les mesures, nous ne sommes même pas contre les voyages du premier ministre, mais je serai plus fier de Québec lorsque le revenu de nos cultivateurs aura augmenté, lorsque nos colons seront en meilleure posture, lorsque nos bûcherons auront un meilleur salaire. Et je serai plus fier de Québec lorsque 300,000 de nos compatriotes auront ce salaire minimum d'un dollar de l'heure, un salaire minimum - et ce n'est qu'une étape, et ce n'est qu'un minimum - je serai plus fier parce que dans ces 300,000, il y a quatre-vingt pour cent de mes compatriotes de langue française, et moi je considère, contrairement au premier ministre qui a dit à Thetford que c'était un mythe, je considère que c'est une chose réglée, car nous arriverons au pouvoir, et dès la prochaine session. Sauf pour les cultivateurs, pour le moment, nous veillerons à ce que le salaire minimum soit établi à un dollar de l'heure, et qu'on ne vienne pas me dire que c'est un mythe quand on voit, dans le " Toronto Globe and Mail " du 20 octobre '62, que le chef du parti libéral d'Ontario, M. Wintermeyer, vient d'inscrire au programme, lors de la réunion plénière de l'Association libérale, un salaire minimum d'un dollar vingt-cinq. Si c'est un mythe, c'est un mythe pour le chef libéral de l'Ontario. Je dis qu'il est possible de le faire, et je dis que nous le ferons car c'est là la première mesure d'émancipation économique pour nos citoyens de la province de Québec.
Notre programme est entièrement axé sur la famille et cette détaxation de $ 2,000 - $ 4,000 en est la preuve. Avec nous, vous n'aurez pas à payer d'impôt provincial sur le revenu jusqu'à 4,000 dollars ou 2,000 dollars si vous êtes célibataire.
Et ce système de pensions transférables, le premier ministre dit qu'ils ont agi ; bien sûr, ils ont agi, en l'accordant, par une loi de la première session, aux fonctionnaires fédéraux qu'on a importés d'Ottawa pour venir administrer Québec. Ils ont agit avec des rapports, tant mieux s'il y a des rapports, nous pourrons nous en servir pour la rendre cette pension, universelle le plus tôt possible et transportable.
Nous avons, dans ce programme, pensé aux vieux et aux vieilles et nous allons voir à ce que l'assurance-hospitalisation, qui sera maintenue, puisse servir, non seulement à l'hospitalisation mais aux frais médicaux et en faveur de ceux dont les moyens sont déjà établis par des enquêtes et qui reçoivent déjà des allocations; comme nous verrons à complémenter les deux cents dollars qui sont insuffisants dans bien des cas...
Charette : M. Johnson, vous vous êtes demandé, en commençant de parler si vous n'aviez que sept minutes. Je pense que j'allais être obligé de vous répondre par l'affirmation. M. Pelletier, c'est à vous de poser la prochaine question.